Les Cendres d'Alésia
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Les Cendres d'Alésia

Découvrez un Royaume dévasté par la guerre où s'affrontent nombre de créatures fantastiques et sanguinaires. Créez votre destinée, ramenez la paix ou engendrez encore plus de chaos...
 
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 Quand deux complices se retrouvent...

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So'han Fels
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So'han Fels


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MessageSujet: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeMer 26 Aoû - 11:52

Le matin s’étire à Fenrig. Dans le quartier des marchands, l’agitation de la rue va bientôt laisser la place au temps plus calme du repas de midi.
Un groupe singulier attire l’attention et l’affabilité des marchands. Deux hommes richement vêtus, un vieillard et un homme plus jeune, hautain et apparemment soupe au lait, qui semble être le fils du premier, passent d’une boutique à l’autre, se faisant déballer dans chaque échoppe les marchandises, les observant et les choisissant en prenant tout leur temps. Les marchands, flairant au train et aux manières du groupe des personnes fortunées, font l'éloge de leurs articles à grands renforts de gestes et de boniments, sortant des réserves les perles rares de leurs stocks, espérant que ces clients de passage en ville délieront leur bourse avec largesse.
Trois jeunes femmes, toutes d’un physique agréable, vêtues et maquillées de façon légèrement outrancière, font une compagnie riante et tapageuse aux deux hommes. L’une d’elle est au bras du vieillard, les deux autres entourent le plus jeune comme deux perruches bavardes. Elles s’extasient sur les étoffes riches et colorées, se pâment devant les devantures brillantes des orfèvres et sautent à son cou quand il daigne sortir sa bourse pour leur offrir une babiole convoitée. Quelques valets les accompagnent aussi, portant les sacs volumineux des emplettes et écartant la populace curieuse de cet équipage voyant pour ouvrir un passage sans encombre aux deux hommes et à leurs accompagnatrices.
Le vieillard s’adresse mièvreusement à la jeune fille qui le tient par le bras. C’est plus pour elle une façon de le guider qu’une marque d’affection. En effet, les deux yeux aveugles du vieillard sont voilés d’une pellicule blanchâtre, rideau que le temps a tiré sur sa vue.

Il n’y a rien qui te plait ici, So’han ? Profites en ! A Ackbar tu ne verras pas souvent des marchandises aussi précieuses. Laisse moi te faire plaisir, tu sais que ma fortune est grande.
So’han sourit vaguement en retour au regard vide du vieil homme, qui ne peut pas voir l’expression, hésitation entre la pitié et le mépris, qu’il inspire à la jeune fille. Pourtant c’est sur un ton doux et reconnaissant qu’elle assure :

Pour aujourd’hui vous m’avez suffisamment comblée de robes, de bijoux et de parfum Sir Deleïm. Je ne vous ai pas accompagné à Fenrig pour les boutiques mais surtout pour profiter du voyage. Depuis une certaine aventure j’ai pris goût au changement d’air.
Un sourire énigmatique flotte sur les lèvres de So’Han, plongée dans quelques souvenirs pas très lointains.

Erreur petite fille, tu m’as accompagnée à Fenrig sur l’ordre que j’ai donnée à cette vieille maquerelle de Dina, car mon fils et moi n’aimons pas nous ennuyer en route quand nous partons à la capitale pour nos achats. Et j’aime que la compagnie de jolies femmes attire le regard sur un vieux débris comme moi. Ca me coûte assez cher mais ça en vaut la peine.
Le vieillard se fend d’un rire enroué qui se termine rapidement dans une quinte de toux. L’esprit de So’han s’échauffe en sourdine, son regard émeraude s’assombrit.

Un bon coup de lame dans ton bide de gros porc et tu ne donnerais plus d’ordre à personne. Et pour le prix, c’est vrai que tu es large, mais vu ta sale tronche et celle de ton nigaud de rejeton, vu vos manières de ploucs, sortir les pièces d’or est bien la seule solution que vous ayez pour approcher une femme à moins d’un mètre.

Allons, petite fille, mes yeux, dis moi, la foule se retourne sur nous ? Les badauds ont bien l’air éberlué ?

Oui, Sir Deleïm, ils sont tous curieux et jasent entre eux comme des poules qui auraient vu un paon.

On un dindon de la farce…Ils nous regardent comme des bêtes de foire oui…


So’han se mord la langue. Elle essaye de penser à autre chose, de se consoler en pensant à la prime pour l’escorte et les cadeaux qu’elle ramènera de Fenrig. Il lui reste encore deux jours à passer avec le vieux riche et son fils à Fenrig, plus tout le voyage du retour jusqu’à Ackbar, temps pendant lequel elle devra supporter la vanité des deux hommes, et la flatter même car ces deux orgueilleux ne comprennent que ce langage là. Le soir même, ils doivent rejoindre la maison d’un cousin lointain du vieux Deleïm, un ancêtre sans âge comme lui sûrement, qui leur offre son hospitalité jusqu’à la fin de leur tournée des commerces de Fenrig.

Deleïm le jeune déclare que son estomac se réveille et attrape les deux autres courtisanes par la taille pour les entraîner sans ménagement vers une auberge à l’enseigne alléchante.

L’intérieur de l’établissement, bien tenu et fréquenté par un public plutôt honnête, est animé et bruyant. La plupart des tables sont occupées, et le ballet des serveuses chargées de plats ou de vaisselle sale est continu, sur le fond sonore du brouhaha des conversations, des verres qui trinquent et des éclats de rire.
Deleïm le jeune apostrophe une serveuse, exigeant en haussant la voie inutilement qu’ils soient installés tout de suite à une table bien en vue.

Excusez moi glisse So’han avec un ton gêné à l’oreille de son vieillard - pas la peine de rougir, il ne la voit pas, le ton embarrassé suffit donc - une envie pressante me pousse à vous abandonner un moment.

Ouf un peu d’air… Avec un grand soupir intérieur de soulagement, So’han se dirige vers les petits coins de l’auberge, quand une voie riante qu’elle reconnaît tout de suite l’apostrophe…
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Akara Gaëlle
Magelame Vagabonde
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeJeu 27 Aoû - 1:11

[HRP : J'adore ta plume, c'est vraiment un super plaisir de te lire Very Happy ]


L'aube pointait étendait ses rayons sur le ciel, éclairant les abords de la forêt d'Imbolt d'une lueur verte, étrangement mordorée, qui démentait en tout point les créatures maléfiques qu'elle abritait. Le lac Thor étincela doucement lorsque la caresse du soleil atteint ses vaguelettes immobiles. Mais c'est légèrement plus à l'ouest que doit se poser notre regard. Là où se trouve une petite maisonnette croulante, avec une étrange femme à la posture impossible cachée derrière. A l'heure où vous me lisez, elle bondit singulièrement vers un point précis et inconnu, caché dans l'herbe.

Je déteste les sauterelles. Tout ce que je voulais, c'était une patte, une tooooute petite patte de sauterelle ! Mais non, évidemment elles se sentaient toutes obligées de sauter partout dès qu'elles m'apercevaient avec leurs yeux tout moches. 'M'énerve. Mais bon, qui n'a jamais miséré de longues heures durant, pour récolter la patte de sauterelle tant convoitée ? Probablement aucun herboriste. Nous avons tous connu ça. Le filtre de mauvaise humeur ne peut pas se passer de patte de sauterelle ! Et beaucoup de gens veulent des filtres de mauvaise humeur. Allez savoir pourquoi, ça plait. Enfin bon.

C'est donc sur ces pensées passablement agacées que je rentrai dans ma cabane, les cheveux encore plus ébouriffés qu'à l'accoutumée. Cheveux qui étaient toujours vert pomme. Je n'avais pas vraiment eu le temps de penser à leur couleur, depuis... Ah ben, hier finalement. Oui, en fin de compte, je n'avais quitté Elyjane qu'hier après-midi, il me restait donc encore six jours pour fignoler mes affaires personnelles. Entre autre, ce foutu filtre de mauvaise humeur qui m'avait été commandé trois jours auparavant. Je m'étalai dans un sofa en soupirant. Si je ne trouvais pas de patte de sauterelle avant demain, je risquais de perdre mon client. Tÿgrane, semblant lire dans mes pensées, m'apporta en croassant ma liste de commandes.

J'avais à faire : Deux filtres d'amour (d'un classique exaspérant) ; un poison paralysant ; le fameux filtre de mauvaise humeur ; trois potions de guérisons et une fiole de ténèbres liquides (pas facile à faire ça). Je reportai les filtres d'amour, les potions de guérisons et la fiole de ténèbres à plus tard. Ne me restaient donc que le filtre et le poison. Le filtre étant mal parti, il ne me restait que le poison. Qu'avais-je besoin pour cela ? Verveine, eau de vie Naine, venin d'araignées mutantes d'Imbolt (cultivées par mes soins à quelques mètres de chez moi dans une petite réserve), oeuf de crapaud. Bon, j'avais tout. Sauf l'eau de vie Naine. Et cela... Je ne pourrais le trouver qu'à Fenrig même.
Soupirant à l'idée de devoir y retourner alors que je m'y étais rendue le jour précédent, je me rendis à la minuscule salle de bain au miroir brisé. Tiens, pour la peine, j'allais encore changer mes cheveux. Quelle couleur, cette fois ?
... Pourpre. Non, violine. Sombre. Un joli prune, pas trop tape-à-l'oeil aujourd'hui. J'enfilai rapidement mes cuissardes à talons hauts, refermai ma guêpière à demie-transparente, donnai une pichenette à Tÿgrane et me jetai dans l'adversité. Dehors, quoi.

Une demie-heure plus tard, j'étais dans les rues de la cité blanche. Fort heureusement, je n'eus pas à m'aventurer dans les dédales souterrains des Nains pour trouver mon alcool tant recherché : le quartier des marchands disposait de négociants nains. En quelques minutes, j'avais acquis la plus forte et violente eau de vie de tout le royaume de Fer. Pour le prix qu'elle m'avait coûté, le client allait avoir intérêt à être satisfait.

C'est alors que je commençai à rentrer chez moi que j'entendis la petite voix doucereuse en moi... Celle de l'amour de la taverne. Du jeu. De la boisson. Des bagarres d'ivrognes. Un sourire étira mes lèvres. Je ne m'étais pas rendue à Ackbar depuis bien trop longtemps ; il me fallait absolument trouver une taverne. Ce fut vite fait, j'ai l'oeil pour ce genre de choses.
Ainsi donc, je me retrouvai assise à une table entourée par trois hommes aux airs de filous... Cartes en main. Ne vous avais-je jamais dit que j'étais imbattable aux cartes ? Et bien, c'est chose faite.
C'est tandis que je ruinais mes adversaires que le cloche de la porte tinta soudain. Un jeune homme, très laid, accompagné de deux femmes de joie entra en riant comme un porc. Il s'installa à une table après avoir hélé la serveuse. Mais c'est à suite que se trouvait la surprise... Au bras du vieil homme qui semblait être son père était pendue... Bettina. La jeune fille que j'avais côtoyée lors de la quête que j'avais effectuée une semaine plus tôt. Ainsi, elle était de ces femmes de plaisir ? J'éclatai de rire : oui, je le savais déjà. Je l'avais déjà vu... Sur son lieu de travail. D'ailleurs, son nom me titillait toujours. Pas plutôt quelque chose comme Lohan... Ou Hosan... Enfin bref, passons.

Celle que je décidai de nommer définitivement (pour le moment) Bettina se leva, et partit en direction des toilettes. Un gigantesque sourire illuminait mon visage alors que j'abandonnai mes compagnons de jeu, pour me précipiter vers mon ancienne camarade. Alors qu'elle passait la porte, je me plantai devant elle en riant.

" Héla Bettina, comme on se retrouve ! Tout va bien depuis notre aventure palpitante ? "

Je jetai un coup d'oeil vers la table où se trouvaient le vieil homme, son fils et les deux collègues de Bettina.

" Si jamais tu as besoin de t'éclipser, je peux t'aider sans problèmes... "

Un clin d'oeil ponctua ma phrase, tandis que je refermai la porte derrière nous.
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So'han Fels
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So'han Fels


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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeJeu 27 Aoû - 18:09

[hrp] je te retourne le compliment Wink [hrp]

Akara…

Un sourire spontané se dessine sur les lèvres de So’han

Akara, comment la définir au juste ? Sorcière ? Magicienne ? La bonne humeur personnifiée en tout cas, voir même un peu trop car ses éclats de rire permanents et ses manières fofolles pourraient la faire passer pour une douce dingue. Mais So’han se rappelle qu’elle lui doit une fière chandelle, voir plusieurs, car pendant la quête qui les avait réunies par hasard, Akara lui a plusieurs fois sauvé la mise.

So’han se laisse à moitié pousser dans les toilettes par son ancienne co-équipière, franchement heureuse de trouver un visage connu et aussi joyeux, elle en oublierait presque l’irritation que la compagnie imposée des Deleïm père et fils fait croître en elle de jour en jour.
D’ailleurs Akara semble l’avoir remarquer :

Si jamais tu as besoin de t'éclipser, je peux t'aider sans problèmes...

So’han dévisage un instant la jeune femme. Elle ne lui a à aucun moment révélé sa véritable identité pendant la recherche de l’amulette pour le compte du marchand Gangmar, bien qu’elle se doute que la plupart de ses compagnons d’aventure, Akara la première, avaient de sérieux doutes à son sujet. Pas étonnant, elle avait été plus que minable, ayant vraiment présumé de ses forces autant physiques que mentales. Aujourd’hui, prise au dépourvu, elle ne sent pas le courage de lui mentir à nouveau, d’autant que ce ne serait pas franchement utile. Avec une petite moue, elle lui avoue :

M’éclipser me paraît difficile… Ces deux là ont payé pour la semaine et ils entendent bien en avoir pour leur argent.

Elle se détourne d’Akara, sort un petit miroir rond cerclé de métal de l’une de ses poches et vérifie son visage. Elle replace une mèche de cheveux sur son front, lisse ses sourcils fins, pince chacune de ses joues pour leur redonner un peu de couleur. Une chose dont elle est sûre, c’est que la magicienne n’est pas du genre à avoir des préjugés, surtout sur les relations corporelles entre sexe opposé ( ou identique d’ailleurs). Elle ne devrait donc pas lui tourner les talons en prenant un air dégoûté, même si en l’occurrence c’est un grabataire repoussant qui exhibe So’han à son bras.
Une pensée se présente soudainement à son esprit la fait pouffer bêtement, comme souvent quand elle est tendue et qu’une distraction passagère lui apporte une bouffée d’oxygène au cerveau. Cette pensée c’est le vieux Deleïm qui s’endort sur sa couche, un filet de bave jouant au yoyo au coin de la bouche, tous les soirs, avant même que So’han ai eu le temps d’enlever la totalité de ses vêtements. De toute façon il n’y a pas que ses yeux que l’âge a abîmé, sa « virilité » aussi en a pris un coup, plus question pour lui de hisser le pavillon si on peut dire ainsi. Mais par fierté, surtout vis à vis de son fils avec lequel il a une relation de domination patriarcale, il fait soutenir à So’han qu’il est un amant vif et infatigable.

Note pour plus tard : la vieillesse est l’amie des filles de petite vertu.
Cette sentence grave et inopinée de sa petite voix intérieure l’entraîne encore dans un petit rire.

Akara a l’air intriguée – enfin pas tant que ça, elle a sa petite idée, ça se voit à la façon dont son regard pétille pendant qu’elle attend que So’han en livre un peu plus -

Tu connais à Ackbar la taverne que la vieille Dina tient ? Oui tu la connais rit la jeune fille sans laisser le temps à Akara de répondre tu dois connaître toutes les tavernes de notre monde non ? Eh bien c’est là que je travaille. Mon véritable nom est So’han. Enchantée!
conclut elle avec un sourire en coin et un clin d’œil pour Akara, avant de sortir d’une autre poche un petit pot rempli d’un baume rouge sombre qu’elle applique généreusement sur ses lèvres, tout en poursuivant:

Deux abrutis m'ont louée pour leur séjour à Fenrig. Nous repartons après-demain et je rejoindrai ma superbe suite à Ackbar. Le ton ironique n’échappe pas à Akara.
Et toi, que deviens tu ? Tiens, tu as changé de couleur de cheveux ?
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Akara Gaëlle
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeDim 30 Aoû - 18:43

M’éclipser me paraît difficile… Ces deux là ont payé pour la semaine et ils entendent bien en avoir pour leur argent.

Bettina sortit alors un petit miroir rond, et commença à redonner à son visage l'apparence que les hommes aimaient à voir. Pendant ce court moment, je réfléchis à ce qu'elle venait de me dire. Comment se soustraire à une telle emprise lorsque l'on a été achetée ? Dans l'immédiat, je ne voyais qu'une solution assez peu envisageable : trouver une autre fille pour leur servir de jouet. Et étant donné que j'étais la seule fille de la taverne, en exceptant évidemment la serveuse et les deux filles de joies, cette possibilité n'était guère envisageable. A la limite, Bettina aurait été avec le jeune, ça aurait pu se négocier (être payée pour faire l'amour avec un bel homme, quoi de mieux ?), mais le vieux crouton là-bas, non, vraiment pas mon genre. En plus, il devait pas sentir le neuf, dans tous les sens du terme.
Un léger sourire vint flotter sur mes lèvres à cette pensée...Et bizarrement, j'eus l'intuition que celui qui ornait les lèvres de ma compagne venait du même songe. Néanmoins, je n'eus pas le temps d'y penser plus longtemps car celle-ci reprit :


Tu connais à Ackbar la taverne que la vieille Dina tient ?

J'allais ouvrir pour confirmer, et préciser que Dina m'avait jadis proposer de travailler pour elle mais que la conversation ne s'était soldée que par quelques verres de cognac, mais Bettina ne m'en laissa pas le temps. Apparemment, elle avait compris que je connaissais Ackbar comme ma poche...Et surtout les auberges et autres tavernes. Y compris les maisons closes, d'ailleurs.

Eh bien c’est là que je travaille. Mon véritable nom est So’han. Enchantée!

Sur son clin d'oeil, je refermai la bouche, interloquée, avant de la rouvrir. Les sourcils haussés et le sourire amusé, je répondis :

" Ah, je me disais bien que tu ne t'appellais pas Bettina ! Ca me travaille depuis le début de la quête cette histoire. Enfin bon, enchantée de te connaitre So'han !"

Elle m'informa qu'il ne lui restait que deux jours à tenir à Fenrig, avant de regagner son taudis Ackbarien (je sais, j'ai un véritable talent pour lire entre les lignes). Puis elle me demanda ce que j'avais fait depuis le temps... Et remarqua que la couleur de mes cheveux avait changée. Effectivement, lors de l'aventure qui nous avait réunies, mes cheveux étaient roux flamboyants. A présent (chose qui venait d'être modifiée) ils étaient donc teint en un sombre violet pourpre. Je lui souris.

" Eh bien, je suis allée voir hier Elyjane Garish'tar, la nièce de l'Archimage de Fenrig. (Je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler ?) Je suis allée la trouver parce qu'elle est une magicienne reconnue et admirée par nombre de mes pairs les mages, et je me suis dit qu'une discussion avec elle ne pourrait que m'être bénéfique. J'ai eu raison : elle m'a proposé de venir avec elle dans la cité en ruines d'Alésia. "

Mon regard se perdit un instant dans le vague, impatiente que j'étais de partir vers cette contrée légendaire. Cependant je revins très vite à la réalité.

" Pour mes cheveux, en fait je viens de changer ça ! Pour ma visite chez la Princesse, je les avais mis en vert pomme... Assez voyant, d'ailleurs. Mais pour aujourd'hui, je me suis dit qu'un peu de discretion ne pourrait nuir à personne. "

Je me rendis alors compte que si ma faculté à changer de couleur ma chevelure me paraissait évidente, pour d'autres cela devait être très étrange. Je m'empressais donc d'ajouter :

" Je fais ça grâce à quelques petits enchantements de mon invention. La magie ouvre à beaucoup de petites fantaisies de ce genre, en dehors des sorts que l'on apprend avec un maître ! "

Une idée commença doucement à germer dans mon esprit. Je regardais So'han de haut en bas : pas très grande, pas très forte. Pas la carrure d'une guerrière. La même carrure que moi. Lors de la quête, elle avait avoué ne pas avoir de talents physiques. Mais peut-être qu'au fond d'elle... De la magie sommeillait ! Et ça, seule un magicien pouvait le découvrir.
Un sourire plein de joie, et quelque peu effrayant de part son mystère, se peignit sur mon visage.

" Dis-moi So'han, n'as-tu jamais envisagé l'idée d'apprendre la magie...? "
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So'han Fels
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeMar 1 Sep - 12:24

Comme So’han s’y attend, Akara ne fait aucune réflexion sur ses révélations et petits mensonges passés. Elle lui en est reconnaissante en silence, pour une fois qu’on ne la regarde pas avec un air de mépris affiché ou encore pire une commisération hypocrite… La magicienne échevelée se contente d’en sourire, comme si le commerce de son corps et l’affabulation étaient des choses toutes naturelles et pardonnables, avant d’enchaîner par un discours plus ou moins compréhensible par So’han.

Eh bien, je suis allée voir hier Elyjane Garish'tar, la nièce de l'Archimage de Fenrig. (Je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler ?)

Elyjane Gari quoi ? ? ? Non, si So’han avait entendu ce nom, ce qui était fort possible car des nouvelles de Fenrig et de ses personnalités importantes parvenaient régulièrement à Ackbar, alimentant les rumeurs et faisant des sujets de conversation de comptoir tout trouvés, eh bien ce nom et la personne qu’il désignait n’avait pas du la marquer plus que ça…

Je suis allée la trouver parce qu'elle est une magicienne reconnue et admirée par nombre de mes pairs les mages, et je me suis dit qu'une discussion avec elle ne pourrait que m'être bénéfique. J'ai eu raison : elle m'a proposé de venir avec elle dans la cité en ruines d'Alésia.

Le visage de So’han ne reflète guère plus qu’une attention polie et détachée aux paroles d’Akara, le regard un peu lointain, un sourire de circonstance sur ses lèvres carmin. Mais en réalité une pointe amère de jalousie lui serre désagréablement le cœur. Décidément elle a une chouette vie cette Akara ! Fréquentation de personnes influentes, voyage en tout genre – quoique si c’est pour se payer toute une panoplie de monstres comme la dernière fois, So’han ne serait pas prête à ressigner tout de suite, même si quand on connait certains sortilèges bien à propos les choses paraissent tout de suite moins effrayantes –

En tout cas la magie a l’air d’être pour Akara une seconde nature autant que la jovialité, elle n'hésite même pas à poser une question complètement délirante à So'han:

Dis-moi So'han, n'as-tu jamais envisagé l'idée d'apprendre la magie...?

Non… ça ne l’avait même jamais effleuré. La Magie, c’est un univers peu connu pour elle, la pauvreté de son quotidien ne lui a pas permis d’être instruite à quoi que ce soit, ni même d’envisager qu’elle le serait un jour. Elle ne sait d’ailleurs ni lire ni écrire. Elle se contente de consigner par la pensée les choses importantes de sa vie dans son petit journal mental, en espérant que sa mémoire sera aussi fiable que de l’encre sur du papier.
La Magie, comme So’han l’a conçue jusqu’à présent, c’est surtout le genre de petits trucs que fait Akara quand elle choisit la couleur de ses cheveux, ou qu’un vieux barbu aux yeux clairs réchauffe le breuvage trop tiède qu’elle vient de lui servir en plongeant son doigt dedans. Des petites fantaisies plus ou moins utiles, à la limite du surnaturel et de la prestidigitation. Il y a aussi le placard à potion de la vieille Dina, dans lequel elle garde précieusement sous clés ses fioles achetées parfois à prix d’or. Elles aussi ont l’air bien pratiques, sans quoi comment la grosse femme ridée charmerait des demoiseaux de la moitié de son âge ? Et comment des clients fin saouls, à l’alcool mauvais, au verbe agressif et au dégainage de lames facile, deviendraient doux comme des chatons après avoir descendu un énième verre, celui là de la cuvée « spéciale » de la patronne ? Oui, peut être que ça pourrait rendre la vie moins monotone et plus facile…
Et puis l’aventure de l’amulette lui a ouvert certains secrets, lui a donné un aperçu de la puissance contenue dans la magie… Cela peut être bien plus qu’un simple agrément du quotidien…
Mais est ce à sa portée ? Une analphabète peut elle sérieusement penser à devenir magicienne quand elle ne pourrait même pas apprendre les bases ni augmenter son savoir par les livres ? Le constat cruel de son ignorance blesse son amour-propre, et lui remet rapidement les pieds sur terre.
Juste un peu de flottement dans sa voix quand elle répond à Akara, que non, elle n’a jamais songé à apprendre la magie… sur un air peu convainu qui devrait décourager la pointe de folie enthousiaste qui brille dans les yeux de la magicienne.

So’han entrouvre la porte pour jeter un coup d’œil à la salle. Les Deleïm attendent leur repas en buvant copieusement. Les deux autres femmes qui les accompagnent rient de plus en plus fort, trinquent avec le jeune Deleïm qui, poussé par la chaleur des boissons apéritives et les rires entêtants, n’en finit plus de se couvrir de ridicule en cherchant justement le contraire. Le vieux Deleïm arbore un sourire niais, semblant participer à la bonne humeur de sa table. Mais So’han voit à sa façon de tourner constamment son regard vide vers la salle, son nez bossu levé, humant les senteurs qui parviennent à ses narines, que c’est son parfum qu’il attend de repérer aux milieu des autres effluves, que son absence commence à être longue si ce n’est suspecte.

Un sourire gêné adressé à Akara, il lui faut prendre congé de son amie – à regret -

Bon, je vais y retourner, le vieux commence à s’agacer… Mais j’y pense, toi qui pratique la magie, tu dois connaître le cousin Deleïm chez qui nous allons dormir. Père et fils en ont parlé pendant le voyage. C’est un ancien apothicaire et herboriste. Il a pris sa retraite il y a quelques années, mais il habite toujours au dessus de son ancienne boutique. Il paraît qu’il y garde encore tout un tas d’ingrédients, des objets bizarres, des grimoires…
So’han se replonge dans ses souvenirs récents pour se rappeler le nom que les Deleïm ont prononcé à plusieurs reprises.

L’échoppe… l’échoppe… l’échoppe du Scorpion Boiteux…Ca te dis quelque chose ?
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Akara Gaëlle
Magelame Vagabonde
Akara Gaëlle


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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeMer 2 Sep - 20:31

Bon. Raté. So'han n'avait jamais pensé à la magie, et vu l'air absolument exalté qu'elle prit pour me répondre cela, je supposai que ce n'était pas au goût du jour. Je lui soufflai néanmoins distraitement :

"Dommage... Mais si un jour ça t'inspire, n'hésite pas à venir me trouver hein !"

So'han entrouvrit la porte des toilettes pour regarder l'intérieur de la salle. Discrétement, j'y jetai un oeil également : mes compagnons de jeu s'étaient fait la belle, en emportant tout ce qu'ils me devaient, évidemment. Les hommes sont de très mauvais perdants.
De toute évidence, So'han ne regardait pas la même chose que moi, et en suivant son regard tant bien que mal, j'aperçus le vieillard qui l'avait acheté, assis à une table avec son fils et ses deux pintades. Mon amie se tourna vers moi, désanchantée :

Bon, je vais y retourner, le vieux commence à s’agacer… Mais j’y pense, toi qui pratique la magie, tu dois connaître le cousin Deleïm chez qui nous allons dormir. Père et fils en ont parlé pendant le voyage. C’est un ancien apothicaire et herboriste. Il a pris sa retraite il y a quelques années, mais il habite toujours au dessus de son ancienne boutique. Il paraît qu’il y garde encore tout un tas d’ingrédients, des objets bizarres, des grimoires… L’échoppe… l’échoppe… l’échoppe du Scorpion Boiteux…Ca te dis quelque chose ?

Un sourire éclatant illumina mon visage.

" Ah ben ça, si je connais !"

Le vioc Deleïm, je le connaissais par coeur. C'était un vieil ami, mais également un vieux patron, du temps où j'oeuvrais du côté de la torture. Oui, il avait fait parti de ceux qui m'avaient payée pour faire parler des voleurs et autres assassins qui nuisaient à sa réputation, ses connaissances ou encore sa boutique. Mieux valait ne pas être un ennemi du Deleïm... N'importe qui aurait en horreur de tomber sur quelqu'un comme moi pour le faire avouer. Quoi que, le vioc n'avait pas sûrement trouvé de bousculeur de neurônes aussi compétent que moi, cela allait sans dire... Hihihi.
Toujours était-il que c'était là où So'han et sa troupe se rendaient. Une place pour Akara Gaëlle, au Scorpion Boiteux ? Toujours, voyons, il me devait bien ça !

Le regard malicieux et amusé que je jetai à mon amie était sans équivoque.

" Est-ce une invitation à vous rejoindre ce soir ? Je suis sûre que le vioc m'accueillera à bras ouverts. Et puis maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'il possède des grimoires et autres plantes sympathiques, et je n'y ai jamais jeté de coup d'oeil. Il me faut remédier à cela ! Oh et puis tu sais quoi, on y retourne toutes les deux, voir ton Deleïm périmé. Je suis certaine qu'il ne pourra pas refuser une amie de son cousin à sa table !"

Sans attendre de réponse, j'attrapai So'han par le bras et la tirait vers l'intérieur de la salle. Le jeune arrêta de faire n'importe quoi avec ses comcubines en me voyant arriver (normal, une beauté comme moi ne laisse jamais personne indifférent), tandis que le vieux fronçait furieusement les sourcils. Tout sourire, je serrai énergiquement la main des occupants de la table (filles de joie comprises), avant de m'assoir entre So'han et une de ses collègues.

" Enchantée messieurs-dames, je suis Akara Gaëlle ! Peut-être ce vieux scorpion de Gidéon vous a-t-il parlé de moi ? J'ai été à sa solde pendant quelques mois, et j'lui ai rendu pas mal de services. J'ai cru comprendre que vous alliez passer la nuit chez lui ? Ca tombe bien, je comptai également lui rendre visite ce soir ! Merveilleux non ? "
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeDim 6 Sep - 19:00

Et voila, avec Akara il faut s’attendre à ce que la situation bascule d’un instant à l’autre!
So’han aurait bien voulu prendre le temps d’expliquer à la magicienne que le vieux Deleïm et son esprit rigide et paranoïaque appréciaient peu ce que eux-même n’avaient pas décidé. Et à plus forte raison les plans de dernière minute, ou l’introduction d’étranger dans leur petit groupe. Mais elles sont déjà devant la table. Elle espère juste que le vieux ne la cloîtrera pas dans sa chambre le reste du séjour pour comportement un peu trop impertinent.
So’han regarde d’un œil amusé Akara faire le tour de la table, serrant vigoureusement les mains et adressant de grands sourires à des personnes trop médusées pour lui répondre. Le jeune Deleïm en particulier a la mâchoire aussi pendante que le poignet que lui secoue chaleureusement Akara, et So’han imagine en pouffant le bras de l’homme se détacher complètement de son corps sous les secousses énergiques de son amie.

La mine suspicieuse et renfrognée du vieux l’amuse moins. Comme prévu la présence d’un élément nouveau le perturbe et excite sa mauvaise humeur et sa méfiance. Elle s’assoit en face de lui, posant une main sur la sienne avec une douce pression rassurante. Akara pend place à côté d’elle et se lance dans ses présentations :

Enchantée messieurs-dames, Peut-être ce vieux scorpion de Gidéon vous a-t-il parlé de moi ? J'ai été à sa solde pendant quelques mois, et j'lui ai rendu pas mal de services. J'ai cru comprendre que vous alliez passer la nuit chez lui ? Ca tombe bien, je comptai également lui rendre visite ce soir ! Merveilleux non ?

Le fils Deleïm a l’air carrément enchanté de cette nouvelle mais jette un coup d’œil vers son père sans oser répondre. Il s’empresse d’arrêter une serveuse à sa portée pour lui demander un couvert de plus et de nouvelles boissons.

Le pied de So’han cherche la jambe du vieux sous la table et commence à caresser doucement son mollet, tandis qu’elle poursuit les paroles d’Akara avec un air joyeux et surpris :

Je connais Akara depuis que je suis toute petite, c’est une grande voyageuse, je n’aurai jamais pensé la retrouver ici ! Je suis tellement heureuse !

Elle saisit l’épaule d’Akara et se penche vers elle, appuyant sa tempe sur la sienne, dans un geste de complicité qu’elle accompagne d’un petit rire presque enfantin. Elle se doute que la fantaisie d’Akara et sa jugeotte la feront rentrer facilement dans son jeu.

Le pied de So’han se glisse dans le creux du genou du vieux Deleïm et commence à le chatouiller adroitement.

C’est vraiment une bonne nouvelle que tu passes la soirée avec nous ! Nous pourrons nous raconter tout ce qui nous est arrivé ces derniers temps !

Elle ajoute, en se tournant bien le vieux Deleïm pour qu’il comprenne qu’elle s’adresse à lui en particulier avec un ton légèrement coquin

C’est une jeune femme tellement vivante, et prête à toutes les fantaisies! Elle n’aime rien tant que s’amuser et se distraire! On ne va pas s’ennuyer c’est sûr ! Et tu es toujours aussi resplendissante ! N’est ce pas, Sieur Gordo, que c’est une vraie beauté ?

Le jeune Deleïm opine rapidement du chef, louchant sur la tenue légère d’Akara, devenant le complice involontaire de So’han.

Elle est tout simplement magnifique, Père ! Votre cousin a bon goût quand il choisit ses collaborateur, glisse t’il en tentant une œillade à la magicienne.

Le vieux Deleïm boude encore un peu mais les traits de son visage se détendent malgré lui. Les petits orteils de So’han courant sur sa vieille peau flétrie, l’envie de rivaliser avec son fils qu’il sent entreprenant et ce qu’il perçoit de la magicienne - sa voix, son odeur, son rire, féminins, enchanteurs - finissent de faire baisser ses barrières. Il adresse dans la direction d’Akara un grand sourire qu’il veut charmeur - édenté est tout de même plus réaliste – en levant sa choppe.

Enchantée, mademoiselle Akara ! C’est drôle que le hasard nous fasse nous rencontrer ici. Mais au moins les présentations seront faites pour ce soir.

So’han soupire de soulagement en voyant la bonne humeur de l’ancêtre revenir et le spectre de sa punition s’éloigner. Une serveuse arrive avec les assiettes fumantes et chacun entame le repas dans une ambiance détendue avec comme centre d’interêt Akara et ses drôles d’anecdotes ramenées de ses nombreuses aventures.
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Akara Gaëlle
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeJeu 10 Sep - 15:52

Je connais Akara depuis que je suis toute petite, c’est une grande voyageuse, je n’aurai jamais pensé la retrouver ici ! Je suis tellement heureuse !

J'ajoutai un sourire radieux aux paroles de So'han, et passai un bras autour de ses épaules lorsqu'elle serra sa tête à la mienne. À vrai dire, je n'avais pas pensé qu'il nous faudrait inventer une excuse de ce genre (comment cela, je n'avais pensé à rien ? Je ne vous permet pas !), mais si j'y avais songé, ce mensonge-ci aurait probablement été également le fruit de mon imagination. Je n'eus donc aucune peine à comprendre le stratagème.
J'étouffai un éclat de rire en sentant la cuisse de ma voisine se soulever, pour aller sûrement trouver les jambes du vieux Deleïm du bout du pied. Fine stratège, la jeune fille de joie ! Percevant sans mal les regards plein d'envie du jeune Deleïm, je pris un malin plaisir à accentuer innocemment mon décolleté plongeant d'une poussée des bras, ou bien de caresser distraitement la courbe de mon cou, comme complètement absorbée par les paroles de So'han et ignorant les coups d'oeils vulgaires du jeune homme. Mon amie se débrouilla merveilleusement bien, et parvint rapidement à acquérir l'accord du vieux, avec l'aide involontaire du décérébré qui lui servait de fils et qui semblait se nommer Gordo.

Le vieil homme m'adressa un sourire qui, dans un monde où les gencives dépourvues de dents, la calvitie et les rides auraient été symbole de sensualité, aurait pu être charmeur et charmant. Malheureusement pour son orgueil (bien qu'il ne semblât guère au courant, ce qui réglait l'affaire), c'était loin d'être le cas.

Enchanté, mademoiselle Akara ! C’est drôle que le hasard nous fasse nous rencontrer ici. Mais au moins les présentations seront faites pour ce soir.

Je lui rendis un sourire qui, cette fois, était réellement enjôleur.

" Exactement ! Je suis également très heureuse de rencontrer une famille pleine de gens si agréables et si charmants. Mais dites-moi, Gidéon ne vous a-t-il jamais raconté la fois où…."

Bon, je vous évite le passage quelque peu longuet où je racontai mes extravagants exploits et autres histoires tordues et captivantes, qui semblèrent grandement amuser le jeune Gordo et ses pintades. Le repas se passa tranquillement, et j’en profitai pour me faire payer le couvert de ce midi. Restait tout de même une question, qu’allais-je faire toute l’après-midi ? Rester en compagnie de la troupe ? Par pitié, non, les appels grotesques du fils Deleïm commençaient déjà à m’ennuyer, pour rester polie. Je conclus donc avec moi-même que j’allais aller flâner seule dans les ruelles, observer comment Fenrig avait changé depuis la dernière fois que je l’avais visitée… Mais pour être honnête, j’allai surtout rentrer dans ma cabane et finir ce fichu poison paralysant.
Je me levai donc, saluant toute la tablée et glissant un clin d’œil un brin goguenard à So’han, prétextant que mon travail me donnait des obligations intenables, mais que j’étais bien obligée de tenir : mes clients si riches et nombreux ne pouvaient ni attendre, ni se passer de mes services. Père et fils semblèrent comprendre, et j’aperçus la lueur de curiosité qui était née dans leur regard que je cherchai : ils se posaient des questions sur mes fonctions. Je ne leur en dis pas plus, et filai de la taverne en sautillant, et leur lançant un rendez-vous pour ce soir, à la tombée de la nuit devant le Scorpion Boiteux. Peut-être ce soir aurais-je de nouveaux clients !


L’après-midi passa vite pour moi. Une fois rentrée, et les ardeurs de Tÿgrane refroidies (cette bougresse a la manie de toujours me sauter dessus quand je rentre, tel un chien bien dressé), je mis au travail. Mettre le venin dans la fiole d’abord, ensuite… Ah oui, laisser macérer la verveine dans le précieux eau de vie Naine, et faire maudire les œufs de crapauds par un animal mystique. On aurait pu penser que la difficulté était ici, mais il n’en était rien : Tÿgrane était parfaite, en tant qu’animal mystique. Elle me servait à maudire, ou bénir selon les cas, les ingrédients de mes décoctions, et bizarrement, avec elle le résultat était toujours surprenant. Bien plus efficace qu’avec n’importe laquelle des créatures étranges que j’avais déjà rencontrées, et à qui j’avais fait maudire nombre de plantes et autres éléments visqueux. Je ne connaissais toujours pas la nature de cet oiseau, mais je suis certaine que c’est la trouvaille la plus extraordinaire qu’il m’ait été donné d’avoir. ‘Pas pour autant que je la chouchoutais hein, faudrait pas déconner non plus.

Bref, si je parle de cela, c’est parce que, lorsque la nuit eut étiré ses grandes ailes sombres sur le royaume de Fer, Tÿgrane insista pour m’accompagner. Je ne sais pas ce qu’elle avait senti, mais subitement, il lui était impératif de venir avec moi. Comprenez qu’au bout de dix minutes, je finis par accepter sa venue.

Nous arrivâmes donc aux alentours de l’heure du soupé devant l’échoppe du Scorpion Boiteux. Préférant ne pas entrer avant que So’han et son équipée soit là, j’attendis quelques instants. Une poignée de minutes plus tard, les Deleïm et leur chair gloussante étaient là. Je rejoignis mon amie et l’étreignit chaleureusement, nourrissant la fausse amitié d’enfance que nous nous étions établi en une demie seconde. Puis je me tournai vers les hommes, et leur lançai sur un gigantesque sourire :

« Alors mes chers, comment s’est passé votre après-midi ? A votre aise, je l’espère ! »
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeLun 14 Sep - 11:46

L’après-midi avait traîné en longueur. So’han s’était ennuyée ferme, attendant avec résignation que les interminables palabres et marchandages renouvelés dans chaque boutique prennent fin. Souvent elle avait laissé son esprit s’évaporer par les petites fenêtres des échoppes, vagabondant au gré des allées et venues des passants et des scènes de la rue.
Puis arrive la fin de l’après-midi et ils prennent le chemin de l’échoppe du Scorpion boiteux, nichée aux fins fonds des quartiers marchands, là où les rues rétrécissent jusqu'à devenir d’étroites ruelles labyrinthiques. Mais père et fils Deleïm assurent tous deux très bien se rappeler le chemin. Et ils se perdent tout naturellement dans le dédale des rues. L’heure avançant et le jour déclinant, l’ambiance dans le groupe se détériore sérieusement, les filles ont mal aux pieds, les hommes, véxés, râlent et se renvoient mutuellement le reproche de leur manque d’orientation.
Cela dure depuis un petit moment quand ils arrivent enfin, par le hasard le plus total, devant l’échoppe du Scorpion boiteux.

Une silhouette les attend devant la porte, une silhouette féminine fine et élancée, reconnaissable à sa chevelure même dans la pénombre.

Tiens, qu'est ce que c'est que ce drôle d’oiseau qu'Akara porte sur l’épaule? Un corbeau? Bah sûrement un accessoire… pour aller avec ses cheveux peut être…

So’han rend naturellement son accolade à la magicienne. A la question de savoir comment s’est passé leur après-midi, père et fils commencent à grommeler sur leur égarement de fin de journée et les filles baissent le nez sur leurs chaussures en pressentant un nouvel épisode orageux.

Heureusement, la porte s’ouvre, coupant court aux premiers mots désagréables.
Enfin vous voilà !

L’homme qui les accueille derrière la porte est un vénérable vieux monsieur, moins âgé que le vieux Deleïm toutefois. C’est un petit homme rondouillard et avenant, au front dégarni, aux tempes blanches et barbe fournie de la même couleur. Quand Akara avait expliqué qu’elle avait été « à sa solde », So’han s’était imaginé l’ancien marchand un peu comme celui qui leur avait confié – à Akara et elle - une mission à Ackbar, mais enrichi des traits familiaux propres aux Deleïm qu’elle connaissait : à la fois filou et sinistre, exaspérant de bêtise et vaniteux. En fait il n’en est rien, c’est un petit vieux alerte et plaisant, et ses yeux en fentes pétillantes derrière ses lunettes rondes le rendaient d’entrée sympathique.

L’air sincèrement heureux de revoir sa famille, il les embrasse chaleureusement ainsi qu’Akara, qu’il semble à peine surpris de trouver devant sa porte. Juste un clin d’œil malicieux quand il saisit la main de la magicienne pour y déposer un léger baiser.

Vous ici très chère Akara ? Mon petit doigt m’avait informé de votre venue ceci dit…

La fatigue et la mauvaise humeur de ses visiteurs étant palpables, Gidéon Deleïm abrège les retrouvailles et pousse tout le monde à l’intérieur.

Allez, entrez, entrez… Débarrassez vous de vos manteaux. Voila posez tout là, mon valet et homme de main viendra les chercher plus tard.

La lampe à huile qu’il porte dévoile la pièce autour d’eux. Pour So’han et les deux filles qui ne sont jamais venues chez lui, il prend la peine avec galanterie de leur faire faire un brin de visite.

Voila, nous sommes dans mon ancienne boutique, c’est toujours l’entrée principale de mon habitation. Il n’y a plus grand-chose comme vous pouvez le voir.

Il promène la lumière de sa lampe sur une vaste pièce dont chaque mur porte des rangées d’étagères ou de casiers fermés. La plupart sont vides, ne restent que ça et là des flacons ou des carnets, des colifichets oubliés sous une fine couche cendreuse. Dans un coin de la pièce, de grands sacs de toile de jute reposent à même le sol, leur contenu d’herbes séchées à moitié répandu par terre. Dans ce lieu qui ne sert plus, tout à été blanchi par la poussière, depuis les longs fils de toiles d’araignées qui pendent du plafond au parquet grinçant.

Gidéon passe derrière le comptoir, éclairant une balance à plateaux cuivrés, autour de laquelle sont disséminés des restes de poudres colorées, plusieurs gros livres, aux couvertures de cuir brut, empilés dans un équilibre précaire et aussi poussiéreux que le reste de la boutique. Le petit vieux sourit bizarrement à Akara en caressant le premier livre de la pile, laissant une trace sombre à travers le voile de poussière.

Dans mes registres de vente, tu retrouverais des noms connus Akara…

Une porte, solide, capitonnée, dont chaque panneau est orné d’une sorte de signe cabalistique, se dessine derrière le comptoir. Gidéon l’éclaire brièvement

Voici l’entrée de mes fameuses réserves. Du temps où j’étais encore en activité, il n’y a rien qu’un magicien exigeant ne pouvait y trouver. Il y a encore quelques petits trésors ici, leur confie t’il à voix basse, avec un air qui est mutin ? mystérieux ? voire inquiétant ? difficile à dire.
Toujours est il qu’il éclate de rire et tourne déjà les talons. Il entraîne tout la petite troupe vers une seconde porte, toute simple, située dans un recoin à la droite du comptoir, qui s’ouvre sur un large escalier éclairé par des torches.

Montez, montez, un bon repas et la chaleur d’un feu de cheminée nous attendent là haut…

So’han entoure de son bras celui du vieux Deleïm et le guide délicatement pour la montée des marches, à la suite d’Akara qui, habituée des lieux, s’est littéralement envolée vers le premier étage.
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeJeu 17 Sep - 15:53

A ma question, père et fils Deleïm commencèrent à grommeler dans leur barbe et, aux regards obstinément baissés des jeunes filles, je compris que c'était là la question a éviter. L'orgueil des Deleïm était telle que se perdre dans les dédales de Fenrig semblait une honte inavouable (tant pis pour eux, me direz-vous).
Heureusement, c'est à cet instant précis que mon cher Gidéon ouvrit la porte de son échoppe, tombant nez-à-nez avec nous.

Enfin vous voilà !

Tiens, l'a pris du ventre le vioc, pensais-je avec amusement. Ses grosses lunettes et son crâne lisse lui donnaient des airs de professeurs de magie ringard, et je ne pus m'empêcher d'éclater de rire en le voyant -rire que je fis passer pour une exclamation de joie. Ses yeux malicieux plongèrent dans les miens, et une légère nostalgie m'envahit. Je revis dans mon esprit les heures passées avec Gidéon à chercher sur la carte de Fenrig les endroits les plus probables où pouvaient se cacher les voleurs et autres malfrats qu'il me faudrait ensuite dûment torturer, celles à concoter des filtres de douleurs et autres hallucinogènes pour mes clients involontaire... Je me souvins aussi des acolytes qui m'avaient secondé, à la solde du vieux Deleïm également : un grand guerrier avec qui je m'entendais extémement, et dont la lame savait retirer toute information désirée même au plus stoïque des patients, et un petit gars dont la fourberie se lisait dans le regard.
Ah, c'était le bon temps... Comment ça, vous trouvez malsain que ce genre de choses me rendent nostalgique ? Vraiment, vous êtes étranges.

"Vous ici très chère Akara ? Mon petit doigt m’avait informé de votre venue ceci dit…
- Oh, je suppose que votre instinct légendaire ne vous a donc guère quitté !"

Je glissai un clin d'oeil avec ma réponse. Pas certaine que ses proches et sa famille soit au courant de ses activités... disons... Officieuses, je préférai en l'instant jouer avec les mots plutôt qu'être explicite. La famille Deleïm semblait si unie... Hihi.

Gidéon nous invité à entrer et à nous débarasser de nos manteaux. Je ne me débarrassai de rien, puisque je n'en avais évidemment pas (même si l'automne approchait, les soirées étaient encore assez chaudes pour moi pour que je puisse me permettre de ne pas me couvrir plus qu'à l'accoutumée). Il commença à faire visiter l'ancienne boutique à So'han et ses collègues, leur montrant les vestiges magiques encore cachés dans les recoins des étagères poussiéreuses. Puis il vint se placer derrière le comptoir où reposait encore quelques livres de comptes, et m'adressa un regard complice :

Dans mes registres de vente, tu retrouverais des noms connus Akara…

En souriant, je m'approchai du grimoire et l'ouvris, tandis que Gidéon montrait ses réserves aux filles (je notai tranquillement, d'une oreille attentive, qu'il mentionna la possibilité de posséder encore quelques trésors dans sa remise). A l'intérieur, des listes de noms, accolées à des objets et autres potions étranges, suivis de leur prix. Assez cher d'ailleurs, mais il fallait bien payer pour la qualité. Enfin, je commençais à trouver des patronymes flirtant avec ma mémoire. Sebastian... Kili... Tatiana... Tiens, Arold... Et, oh... Yannick ! Bizarre qu'il soit venu acheter des choses ici. Ce gars-là, je l'avais torturé pour savoir qui était l'enfoiré qui l'avait payé pour voler des ouvrages extrémement anciens et précieux. A la limite de basculer dans l'inconscience sous la douleur, il parvint à m'articuler le nom de son maître, et ainsi il s'en tira en vie. Amusant.

Je refermai le bouquin, qui produisit un grand bruit sourd et un nuage de poussière suffocant. Devançant tout le monde, je grimpai quatre à quatre les marches lorsque Gidéon évoqua un feu et un repas au deuxième étage.
Celui-ci n'était plus tout à fait comme je l'avais connu. A vrai dire, c'était beaucoup plus grand, aéré et lumineux. Pour conclure, beaucoup moins glauque. La fenêtre du fond de la salle avait été agrandie en baie vitrée côté ouest, de sorte que les jours de beau temps, la pièce devait se transformer en solarium. Pour l'heure, la Lune nous contemplait dans son lit de velours sombre, discutant faiblement avec ses amies les étoiles. Juste à côté de la baie vitrée se tenait une bibliothèque gigantesque où quelques livres à moi devaient encore reposer, faite dans un bois rare et d'une superbe couleur miel. Décidemment, Gidéon avait bien gagné sa vie, le bougre. A notre gauche se tenait une grande cheminée où un feu crépitait dans l'âtre, et devait laquelle était entreposée une grande table du même bois que la bibliothèque, flanquée de chaises finement travaillée... Toujours dans le même bois. Un grand tapis rouge et ôcre, délicatement brodé d'or, ornait le sol en le recouvrant à moitié. Les murs étaient richement décorés de tableaux et autres tentures, qui m'impressionèrent. A droite, la porte qui menait aux chambres et à la salle de bain.

Le sol avait été remarquablement nettoyé, de sorte que les traces de sang de jadis avaient entièrement disparues. Je me m'atardai pas plus sur les détails, et me dirigeai droit vers la table d'où fumaient de nombreux mets tous plus apétissants les uns que les autres. J'attendis néanmoins que tout le monde soit à table pour pouvoir commencer à manger - je sais parfois être polie.

Gidéon ne sembla remarquer que maintenant Tÿgrane, qui trépignait d'impatience (et de faim) sur mon épaule.

"Akara, tu as toujours cette sacrée Tÿgrane ? Comment va-t-elle ? Et dis-moi, tu ne veux toujours pas la vendre ?"

Un éclat de rire bien connu de So'han accueillit la fin de sa phrase.

" Dans tes rêves, mon vieux ! Je ne vends pas ce genre de merveille, tu le sais !"

Je ne m'offusquai guère des airs quelque peu outré des autres Deleïm devant mon langage si familier avec leur cousin. Sur mon épaule, Tÿgrane inclina la tête, flattée d'être l'objet de telle discussion. Je lui envoyai discrètement quelques petits fruits éparpillés parmi les plats sur la table. Gidéon lâcha que c'était dommage, se tourna vers So'han et lui souffla malicieusement à l'oreille que si elle parvenait à me prendre l'oiseau, il lui acheterai au prix fort, avant de se retourner vers sa famille :

"Mais alors, racontez-moi votre voyage ! Tout s'est-il bien passé ? Je suis friand d'aventures, vous le savez ! "
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeMar 22 Sep - 16:34

So’han est ravie de découvrir la pièce confortable qui les accueille dans une intimité chaleureuse. Bon, ce n’est pas vraiment la grande grande classe, mais c’est déjà pas mal, cossu et propre. Elle installe son vieux dans un fauteuil, arrange des coussins dans son dos, lui apporte un des verres que Gidéon vient de remplir généreusement d’un liquide ambré, puis le plante là pour aller faire un petit tour de salon, son propre verre à la main. La boisson alcoolisée, légèrement amère, sirupeuse, lui échauffe d’entrée les joues.
Elle marque une pause devant la fenêtre, s’isolant un instant des conversations des autres convives, plongeant son regard dans la rondeur doucement brillante de l’astre lunaire. Elle en a eu d’autres des têtes à têtes solitaires et silencieux avec la lune, son unique et fidèle confidente, quand la nuit apporte son lot de questionnement, qui parfois lui font bourdonner la tête à force d’appeler des réponses qui ne viennent pas ou lui serrent le cœur de tristesse et d'ennui. Ce soir le disque argenté ne semble rien avoir à lui dire depuis sa position céleste. C’est vrai qu’elle a connu de pires moments.
Puis elle se dirige vers la bibliothèque, et passe une main caressante sur les reliures des livres, prend un ouvrage au hasard pour le feuilleter négligemment. Les lignes d’écritures sont autant de fioritures mystérieuses qui ne veulent rien dire pour elle, des chemins de caractères qui conduisent à des voies dont elle n’a aucune compréhension. Rien que des traits, des boucles et des signes bizarroïdes mis bout à bout avec de l’encre noire sur du papier. Elle referme d’un coup le livre, avec un air las, et préfère rejoindre Akara à la table où la magicienne est en train de loucher sur les plats. Des coups secs de canne tambourinés sur le sol la rappellent vite à l’ordre.

Pffff, je l’avais presque oublié celui-là…

C’est la façon la plus polie que le vieux Deleïm, bien qu’il n’ai que quelques mètres à faire pour passer de son fauteuil à la table du repas, a trouvé pour signifier à So’han qu’elle devrait l’aider à s’y rendre.
La jeune fille se relève illico, soulève le vieux avec toute la force dont elle est capable – c’est qu’il est lourd l’animal - ce qui se révèle moins évident qu’il n’en a l’air car elle n’est pas la seule à être dans un état de légère ébriété.

Tiens, il est bien requinqué par la gnole de son cousin, mon débris

De fait la patate piquetée qui sert de nez à l’ancêtre a pris une jolie couleur rubiconde assortie à ses joues. Il rigole niaisement pour un rien, et quand So’han réussit enfin à le stabiliser sur ses jambes, les quelques pas qui l’amènent jusqu’à sa place assise sont houleux et ponctués de paluchage de fesses peu délicats pour la jeune fille qui, dans d’autres circonstances moins rémunérées, répondrait par un retour de main dans les gencives. Elle finit quand même par l’installer devant son couvert, lui fourre dans la bouche quelques amuse-gueules et remplit son assiette de nourriture fumante. Ca devrait l’occuper un petit moment et la laisser profiter de la compagnie un peu plus élevée de son amie magicienne et du vieux Gidéon.
Ces deux là ont l’air bien complice, échangeant d’anciens souvenirs et se chamaillant gentiment à propos de l’oiseau d’Akara. Il a même un nom bien à lui cet oiseau, Tÿgrane

Si tu arrives à prendre cet oiseau à sa charmante propriétaire, je te l’acheterai au prix fort, jeune fille, entend t’elle souffler Gidéon dans le creux de son oreille. Le ton est celui de la plaisanterie mais So’han se doute que l’ancien apothicaire, malgré toute l’estime qu’il a pour Akara, n’hésiterait pas un instant à la déposséder de son animal de compagnie fétiche. Tout ça pour un corbeau …

A plusieurs reprises - on ne sait jamais - So’han tend une main rassurante vers l’oiseau, qui picore sur l’épaule de sa maîtresse, essayant de l’amadouer, mais n'a en échange que de douloureux coups de bec acéré sur le bout des doigts.

Tout d’un coup, peut être parce qu’il sent qu’il ne fait pas assez honneur à ses hôtes – il est malin, Gidéon, il voit bien que ses cousins se sentent un peu délaissés, sont un peu abasourdis par l’extravagance d’Akara et des libertés qu’elle prend sous son toit, et que Gordo, entre deux bécots à ses courtisanes attitrées a des coups d’œil un peu jaloux à la magicienne qui ne fait pas du tout cas de sa présence – le cousin Deleïm relance ses invités sur une conversation plus accessible à tous :

Mais alors, racontez-moi votre voyage ! Tout s'est-il bien passé ? Je suis friand d'aventures, vous le savez !

Oui oui, chevrote le Père Deleïm entre deux bouchées, avec l’escorte armée dont nous avons payé les services, tout s’est très bien passé.

Ouiiii, renchérit une des courtisanes, une fois trois brigands en armes et tout bardés de cuir ont voulu nous attaquer. Faut voir ce qu’il en restait après ! ! !

Mais quand j’y repense, le voyage a été très calme, nous avons été moins inquiétés que les fois précédentes. A croire que tous les bandits s’étaient donné rendez-vous ailleurs.
Oui, approuve Gordo, c’est rare qu’on ne croise pas plus de bandes de malfrats, et nous n’avons même fait aucune rencontre plus inquiétantes, de ces sales « bêtes » ou choses qui se transforment ou sont je ne sais quoi sous leurs allures humaines.

Gordo le pleutre en frissonne de dégoût et devient blême rien qu’en repensant aux quelques orcs qu’il a rencontré dans sa vie. Ses courtisanes, avec de petites exclamations compatissantes - Oh! C'est horrible! Mon pauvre chéri! Vraiment dans quel monde on vit! Ah! Atroce! - , s’empressent de l’éventer avec leur main, remplissent son verre, couvrent ses joues de petits baisers mouillés.
Le visage de Gidéon n’a pas changé d’expression, pourtant So’han perçoit un infime changement, un reflet pensif dans le regard de l’ancien marchand qui le rend plus distant. La distance que l’on prend quand on est la seule personne initiée d’un secret et qu’on a pas vraiment envie de le partager. Est ce un regard en coin à la dérobée qu’il vient de jeter à Akara, comme pour voir si elle partage ses pensées ?

Eh bien, c’est le calme avant la tempête peut-être… commence t’il doucement, comme cherchant ses mots, il court toutes sortes de rumeurs en ce moment. On dit qu’il y a des mouvements, que les troupes qui sèment d’habitude le trouble dans nos contrées sont rappelées ailleurs, que les « forces » obscures se regroupent et s’assemblent… pour préparer quoi exactement je ne sais pas…
Gidéon ne récolte que des sifflets de son assistance.

Vieil oiseau de malheur, va ! Tu veux nous faire peur avec tes histoires à dormir debout !

Vous n’entendez rien de ce genre à Ackbar ?

Tout ce que je veux entendre, c’est le doux tintement de mes pièces d’or ! toute la tablée part d’un grand rire à cette affirmation du vieux Deleïm, y compris Gidéon, qui préfère remiser ses pensées sombres pour le reste de la soirée. So’han, ressert moi à boire ! !
So’han s’exécute illico avec un grand sourire, remplissant à ras bord le verre tendu au hasard par le vieil aveugle.

Voiiiiiilà, un verre bien plein, j’en connais un qui va ronfler de bonne heure ce soir…

Le repas se termine tranquillement, et pour les Deleïm père et fils, la digestion, la boisson et l’heure tardive aidant, presque somnolent.

So’han quitte la table, s’étire avec un sérieux besoin de se dégourdir les jambes.
Gidéon bourre une pipe d’herbe, l’allume, recrache deux trois bouffées de fumée bleue. L’œil vif, il propose à Akara et So’han, les deux à avoir suffisamment d’énergie pour le suivre :

Dites moi les filles, ça vous dirait de m’accompagner dans mes réserves ? J’ai toute une liste de produits à préparer pour mes cousins.
Devant l’air étonné d’Akara, il lui explique :
oui, je ne suis plus officiellement en activité, mais pour la famille c’est pas pareil ! Enfin pour la famille qui a les moyens bien sûr ! !

Il s’étrangle à moitié de rire et de toux de fumée en descendant l’escalier.

Et j'avoue que je ne me suis pas séparé de toutes mes marchandises! D'ailleurs j'aime toujours autant mon ancien métier et je n'ai pas perdu la main! Allez, allez, venez avec moi. Akara je sais que tu me seras une aide précieuse tu es une des mages les plus douées que je connaisse. Quant à toi, So’han, je trouverais bien quelque chose à te faire faire, tu dois bien être capable de peser quelques grammes d’herbes ou de dépioter des cuisses de grenouilles séchées!
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Akara Gaëlle
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeMar 29 Sep - 21:20

Oui oui, avec l’escorte armée dont nous avons payé les services, tout s’est très bien passé.

Hmm, décidemment, ils étaient vraiment bien riches les vieux Deleïm. Je ne me faisais guère d'inquiétude pour Gidéon, sa renommée et les affaires florissantes de sa vie active avaient du lui procurer une retraite plus que confortable ; et les exploits financiers de son cousin renforçait mon impression première : toute la famille roulait sur l'or. (Peut-être n'était-ce pas un tas aussi gros qu'ils l'auraient voulu, mais c'était tout de même bien un tas. D'or.)

La suite des récits aventureux de mes nouveaux, j'avoue ne l'avoir pas vraiment écoutée. J'étais bien trop occupée à manger, à donner à manger à Tÿgrane, elle-même mordillant les doigts de So'han qui tentait naïvement de l'apâter. Probablement n'imaginait-elle absolument pas à quel point ma femelle corbeau pouvait être spéciale... Tiens, et peut-être lui montrerais-je un jour, finalement. (A moins que Tÿgrane décide de le faire seule, ce qu'elle allait réaliser à mes dépens le lendemain, mais cela je ne le savais pas encore.)

Soudain, les paroles de Gordo me tirèrent de mon esquive culinaire de la conversation. Cette petite phrase, ces petits bouts de mots, je ne pouvais pas les ignorer.

...de ces sales « bêtes » ou choses qui se transforment ou sont je ne sais quoi sous leurs allures humaines.

La tête que je fis à ce moment là devait probablement être pire que celle d'un lamas qui vendrait de voir passer une limace à la coquille ornée de fleurs jaunes. En gros, (un bref instant) ma mâchoire pendit gracieusement dans le vide, la nourriture superbement exposée à mes camarades de table. Evidemment, avec mon tact incomensurable, je refermai la bouche assez vite pour qu'aucune des personnes présentes n'eut le temps d'entrapercevoir cette terrible vision. Du moins je l'espère.
En effet, une quantité inconsevable d'informations diverses bouillonaient dans ma tête. Hertïs. Pourquoi je pensais à lui, je n'en avais pas la moindre idée... Enfin, si, il m'avait montré sa façon de changer sa voix et son regard. Peut-être Gorgo parlait-il de cette race de créature-ci, que j'espérais rencontrer encore au plus vite. Il m'était fascinant. Et que Gordo en connaisse l'existence m'attérait autant qu'il m'intriguait. Un des êtres de cette race se serait-il montré au grand jour devant eux ? Par tous les Dieux d'Ambre, en ce cas ils avaient eu une chance extraordinaire, dont ils n'avaient probablement aucune conscience.

Gidéon me jeta un regard à la dérobée, comme pour vérifier que cette révélation m'avait moi aussi interpelée. Je n'eus pas le temps d'y répondre qu'il avait déjà détourné les yeux, de sorte que personne (à part peut-être So'han, qui nous regardait, intriguée) n'avait vu son petit manège. Sans aucun doute, la simple vue, une demi-seconde, de mon visage, avait suffi à Gidéon. Le bougre avait encore un sens de l'observation digne d'un épervier.

Eh bien, c’est le calme avant la tempête peut-être… Il court toutes sortes de rumeurs en ce moment. On dit qu’il y a des mouvements, que les troupes qui sèment d’habitude le trouble dans nos contrées sont rappelées ailleurs, que les « forces » obscures se regroupent et s’assemblent… pour préparer quoi exactement je ne sais pas…

Un millième de seconde, nos regards se croisèrent, profonds et graves.
Juste avant que je ne me joignit de bon coeur à toutes les réprimendations qui fusèrent suite à sa déclaration, vociférant avec le père Deleïm que ses dires n'étaient plus que les délires d'un vieux paranoïaque. Père Deleïm qui mit brutalement fin à la conversation en exigeant de So'han qu'elle lui verse un verre. Le ton qu'il avait employé, comme si elle n'était guère plus qu'un automate bien gentil, me mit hors de moi. Néanmoins, je me contins devant le sourire presque amusé qu'affichait mon amie : elle devait avoir une idée derrière la tête.

Lorsqu'elle se leva, je fis de même, un peu ballonée par l'excellent repas que nous avait servi Gidéon (non content d'avoir déjà des domestiques, en plus il avait des cuisiniers ?). Celui-ci alluma la longue pipe de bois que je connaissais bien, avant de nous proposer de le suivre pour aller l'aider à préparer les commandes de ses cousins dans la réserve. Devant mon air interloqué, il m'expliqua qu'il gardait encore quelques petites choses... Pour ceux qui avaient les moyens. Héhé.

Et j'avoue que je ne me suis pas séparé de toutes mes marchandises! D'ailleurs j'aime toujours autant mon ancien métier et je n'ai pas perdu la main! Allez, allez, venez avec moi. Akara je sais que tu me seras une aide précieuse tu es une des mages les plus douées que je connaisse. Quant à toi, So’han, je trouverais bien quelque chose à te faire faire, tu dois bien être capable de peser quelques grammes d’herbes ou de dépioter des cuisses de grenouilles séchées!

Je fis un clin d'oeil à So'han alors que le vioc descendait les escaliers, avant de lui souffler en riant doucement :

" Si tu veux, je t'apprends à concocter un somnifère bien plus efficace que l'alcool ! "

Arrivée au premier étage après avoir, telle une danseuse du chateau de Fer, enjambé les marches de bois, nous suivâmes la fumée opaque de la pipe bien-aimée de Gidéon. Elle menait vers le rideau de tissu épais noir, derrière le comptoir. Avançant à pas de loup, je passai derrière celui-ci et écartai le rideau d'une main timide. Pour tout dire, j'avais peur que l'antre des merveilles que je connaissais se soit transformée en une vieille réserve à restes non vendus.
Mais ce que j'y trouvai était loin de cela.

La petite pièce sombre aux grandes étagères massives n'avait, tout d'abord, pas changé d'un pouce, mais avait également conservé sa quantité astronomique d'objets rares, d'ingrédients et autres artefacts aux effets inconnus. Emerveillée, je m'avançai parmi les étalages.
Oh tiens, des pattes de sauterelles. Discrétement, je dévissai le couvercle, en attrapai trois et les glissai dans la petite sacoche qui m'accompagnait toujours, espérant que Gidéon ne m'avait pas vue (il nous tournait le dos). Visiblement, il n'avait pas remarqué la manoeuvre, et s'il l'avait remarquée, alors ce devait une nuit de grande bontée pour qu'il ne me demandât pas six pièces d'or pour avoir tenter de le voler.

A cet instant précis, il se retourna vers nous avant un grand sourire, que je lui rendis machinalement.

" So'han, comme tu es une jeune femme maligne et intelligente (cela se voit, et j'ai bien remarqué que c'était toi qui menait mon cousin à la baguette au lieu du contraire), je vais te confier une tache à la hauteur. Si tu y parviens, je t'offrirai un des objets en ma possession qui te plaira. D'accord ? "


Et voila, ça recommançait. Tu fais ça, je te donne ça, si tu échoues, tu perds toute chance de travailler avec moi. Il m'avait fait le même coup. Néanmoins, quand on réussissait son test, la récompense était très intéressante. Je souris ironiquement à mon amie pour lui donner confiance.
De toute façon, Gidéon n'avait pas attendu sa réponse pour continuer.

" Je vais te donner une liste d'ingrédients, qu'il te faudra trouver sur les étagères (ils sont classés, cela ne devrait pas trop te poser de problèmes), prendre les bons dosages et les mettre dans ces bocaux-ci. Toutes ces choses sont en rapport avec... Le secret du corbeau d'Akara. "

J'ouvris la bouche pour protester, mais il me fit taire d'un regard sévère.

" Il te faut trouver sa particularité, grâce aux ingrédients que je donne à chercher. Je suis certain que ton raisonnement résoudra sans problème cette petite énigme. "

Il finit par un rire qui se métamorphosa en une toux grasse et enfummée.

" Akara, tu peux l'aider, mais simplement pour lui dire les propriétés des plantes qu'elle classera. "

Je hochai la tête en souriant. Le jeu risquait d'être amusant, et au vu des coins relevés des lèvres de Gidéon, lui-même semblait n'avoir pas perdu le sens de l'humour.
Il nous tendit la liste, et partit s'assoir dans le fauteuil qui ornait le fond de la pièce. Je la lus à voix haute, incertaine du fait que So'han sache lire.
Plusieurs ingrédients étaient en rapport avec les animaux magiques : Crin de licorne (qui valait une fortune), salive de Troll, poils de minotaure. D'autres étaient en rapport avec le changement : poudre de métamorphose éphémère, lotion de changement de couleur de peau et d'yeux, filtre de transformation en animal. D'autres encore étaient des plantes et herbes rapportées par des voyageurs de race différentes, et donc dont la contrée était inconnue. Les derniers, enfin, étaient absolument utiles à tout et n'importe quoi. L'imprévisible.

Ainsi, je lus les étiquettes pour So'han au fur et à mesure qu'elle avançait dans les rayons, et lui expliquait les effets des ingrédients (je l'aiguillai quelque peu de temps en temps, en insistant sur certains mots : magique, métamorphoses, oiseau, imprévisibilité...). De toute évidence, très peu de ceux-ci étaient destinés aux cousins Deleïm : il s'agissait donc bien d'un test concocté spécialement pour mon amie.

Le visage de Gidéon affichait quelque chose d'étrange. Comme s'il jugeait les capacités de So'han pour se décider de quelque chose. Comme si il voulait nous dire quelque chose, mais s'assurer qu'elle pourrait être détentrice du secret sans danger.
Mais après tout, peut-être me trompais-je, peut-être le vin m'était-il un peu trop vite monté à la tête.
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So'han Fels
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeMer 4 Nov - 23:56

La réserve de Gidéon Deleïm avait tout de suite émerveillé So’han. Non pas que la quantité et la grande variété d’articles qu’elle recelait, dont certain d’une grande rareté, l’impressionnaient. Non, elle était loin d’avoir les connaissances pour se rendre compte de tout ça. Mais cette multitude de petits produits consignés avec soin, emballés, ensachés, mis en pots ou bocal, étaient si jolie à regarder. Une palette inimaginable de textures, de couleurs, de formes, s’alignait bien sagement sur des étagères devant elle. Là c’était un bouquet de grandes plumes chatoyantes, là une poudre aux reflets d’or, là encore de petits cailloux irréguliers d’un bleu turquoise sans défaut.
Elle en est à flâner entre les rayonnages quand Gidéon l’interpelle avec le petit air content de lui que So’han commence à bien lui connaître, celui qui veut dire qu’il va mine de rien sortir un nouveau tour de son sac.

So'han, comme tu es une jeune femme maligne et intelligente – Jusque là ça allait plutôt bien- (cela se voit, et j'ai bien remarqué que c'était toi qui menait mon cousin à la baguette au lieu du contraire), je vais te confier une tache à la hauteur. Si tu y parviens, je t'offrirai un des objets en ma possession qui te plaira. D'accord ? "

Non, pas vraiment d’accord. La méfiance renforcée de la jeune fille la fait fuir toutes sortes d’imprévus qui peuvent tourner au piège pour elle. Elle est joueuse, mais aussi très mauvaise perdante, et que peut lui demander Gidéon à part quelque chose en rapport avec la magie ? Ce n’est pas vraiment un domaine où elle excelle. La quête de l’amulette dans la forêt d’Imbolt lui a fait entrevoir un univers fascinant soit, mais dangereux pour une petite humaine comme elle.

Enfin, elle n’a de toute façon pas le temps de se rétracter, prétextant qu’elle se sent finalement fatiguée et qu’elle préfère remonter dans le salon, que Gidéon parti sur sa lancée lui a déjà expliqué ce qu’elle doit –va- faire : trouver et mélanger différents ingrédients, et tout ceci doit lui permettre de trouver un secret tournant autour de l’oiseau d’Akara. L’oiseau d’Akara ? Un secret ? So’han est désemparée, elle parcourt des yeux la foule d’objets inconnus sur les étagères, se rappelle que même pour faire un gâteau elle n’a jamais su doser correctement le sucre et la farine, et voila qu’en plus elle doit se creuser la tête pour résoudre une énigme de piaf…

Akara encore une fois lui simplifie la tache : elle s’empare de la liste et commence à la réciter à voix haute, enlevant une première épine du pied de So’han. Son esprit rapide enregistre les noms, continue à les répéter dans un coin de sa tête comme une petite comptine pendant qu’elle écoute attentivement les indications d’Akara.

Armée de la liste qu’elle fait mine de consulter à plusieurs reprises, alors que chaque mot n’est gravé que dans sa mémoire, So'han entame la collecte des ingrédients. Certains sont faciles à retrouver, comme le crin de licorne léger comme un fil de soie, d’un blanc lumineux presque phosphorescent, la bave de Troll, visqueuse et verdâtre, les fleurs de myosotis séchées, à la petite corolle bleue et fragile, ou les fruits de la datura, bogues vertes sombres hérissées qu’elle a déjà rencontrées dans les herbes folles des bords du fleuve Oros.

Pour les autres, elle s’aide plus ou moins de ce que lui renvoie Akara qui la suit pas à pas, observant le moindre de ses gestes avec sa curiosité jubilatoire habituelle. Sa main levée semble hésiter entre deux fioles, son œil en coin surveille l’expression de la magicienne qui ne peut tout à fait masquer sa réprobation quand So’han se trompe ou au contraire s’égayer quand la jeune fille s’empare de la bonne potion. Et ainsi de suite.

Après de nombreuses hésitation, So’han pose le dernier composant magique sur la table à côté des autres. Bon, il faut mélanger tout ça maintenant. Par où commencer ? Akara se tient maintenant en retrait dans son dos et elle ne peut plus chercher l'appui expressif de la magicienne.
Assis face à elle bien au fond de son fauteuil, Gidéon la regarde toujours de son air de vieux matou rusé, les yeux brillants derrière les volutes bleues de sa pipe. So’han lui rend un beau sourire, il veut s’amuser ? Elle se sent d’humeur à assurer le spectacle. Fixant le vieux bonhomme, elle lève gracieusement un bras au dessus de sa tête, puis l’autre, plonge dans une profonde révérence. Quand elle se redresse, So’han l’apprentie magicienne est prête à passer à l’action.
L’air soudain concentré, elle s’empare du premier ingrédient qui lui tombe sous la main, une fine poudre rouge, poudre de métamorphose éphémère si ses souvenirs sont bons, en prend trois pincées qu’elle jette avec aplomb dans le profond bol de bois d’ébène qui doit servir à la préparation. Sans prendre le temps de réfléchir à ce qu’elle fait, d’ailleurs ça ne lui servirait à rien, mais avec un soin méticuleux et une réelle assurance, elle prend au hasard les éléments, versant les liquides, broyant les graines, diluant les poudres, se laissant guider par son seul instinct, en rajoutant un peu, beaucoup, très peu.
Quelquefois un nouvel ingrédient fait prendre au mélange une drôle de couleur repoussante, quelquefois une fumée nauséabonde s’en échappe sans que So’han ne se trouble. Il ne reste bientôt sur la table que les crins de licorne, So’han en isole trois puis les enroule autour de son index. Au moment où elle va déposer la petite pelote ainsi formée dans le bol, elle retient son geste. Un croassement dans son dos vient juste de lui rappeler la finalité de ce petit jeu. Et une pensée désagréable la traverse. Elle lance à Gidéon un regard noir plein de méfiance.

C’est un oiseau magique n’est ce pas ? Ca n'en est pas vraiment un? Est-ce que c’est pour me transformer en oiseau à mon tour que vous m’avez fait préparer tout ça ?
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Akara Gaëlle
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MessageSujet: Re: Quand deux complices se retrouvent...   Quand deux complices se retrouvent... Icon_minitimeMar 29 Déc - 16:05

Quittant des yeux l'étrange expression de Gidéon, qui continua néanmoins de me trotter dans la tête, je me mis à suivre les mouvements de So'han. Jusqu'ici, elle avait trouvé tous les bons ingrédients, mes remarques muettes aidant. Ne lui restait plus qu'à mélanger le tout dans les proportions correctes. Ce que, à ma grande et plaisante surprise, elle réalisa à merveille. Instinctivement, qui plus était : je ne lui donnais alors plus de conseils, et elle concoctait sa potion, dont elle ne connaissait même pas les effets, avec autant de dextérité qu'il était possible, si ce n'était plus. Je suivais ses gestes d'un oeil curieux et amusé, jusqu'au moment où Tÿgrane crut bon de croasser.
J'observai un peu plus attentivement ce que mon amie allait faire : elle avait entouré trois crin de Licorne autour de son index et allait déposer la petite boule dans la mixture. Je remerciai silencieusement mon animal d'avoir, d'un jacassement, stoppé le geste malheureux de So'han. En effet, enrouler des crins de Licorne, que ce soit autour d'un doigt ou de n'importe quoi d'autre, ne donnait jamais rien d'agréable. La magie possédait ses petits caprices.

So'han leva des yeux méfiants vers Gidéon, et osa proposer une réponse :

C’est un oiseau magique n’est ce pas ? Ca n'en est pas vraiment un? Est-ce que c’est pour me transformer en oiseau à mon tour que vous m’avez fait préparer tout ça ?

J'éclatai d'un rire joyeux, mais l'air contrit de Gidéon m'arrêta immédiatement.

" Eh bien, qu'as-tu vieux crapaud ? Elle a répondu parfaitement juste ! Tÿgrane est un oiseau magique, et nous ne sommes même pas sûrs qu'elle soit réellement un oiseau à la base. Je l'ai trouvée corbeau, mais elle se change en n'importe quel autre volatile à ses moindres désirs, que je ne comprends pas toujours. Pourquoi cet air alors ? "

Le regard qu'il me jeta fit redescendre toute ma joie en une infime seconde. C'était un regard chargé du poids de trop de choses. Le poids de l'incertitude, de l'hésitation, de l'appréhension, de la peur même. Le poids du Savoir. Il me sembla subitement que le Savoir, en ces temps de secrets et d'horreurs, était la pire des malédictions. J'eus la brutale impulsion de le faire taire lorsqu'il ouvrit ses vieilles lèvres, mais ma curiosité légendaire m'en empêcha. Malgré la souffrance de la connaissance que je lisais dans les yeux de mon ancien amployeur et que, pour rien au monde, je n'aurais voulu porter à mon tour, je ne pouvais m'empêcher de désirer ardamment connaitre la source de ce désarroi.
Alors, je me tus.

" Oui, So'han a répondu juste. Mes jeunes enfants, ce que je vais vous dire risque de compromettre à jamais vos existences. Akara, je sais que l'aventure ne te fais pas peur, ainsi que je ne m'en veux pas de te révéler ce que je m'apprête à dire. So'han, malgré la trop modeste considération que tu dois avoir pour ta personne, tu es l'être idéal pour détenir l'objet, et le secret de l'objet, que je vais te donner. Je t'en prie, ne refuse pas. "

Il attendit quelques brèves secondes, et, comme trop effrayé à l'idée que mon amie puisse dédaigner son invitation, dont nous ne savions encore rien, il se leva douloureusement et s'effaça derrière une gigantesque armoire qui, contrairement aux autres, était dos à nous.
Je jetai un regard légèrement angoissé à So'han, bien que l'excitation de mes pupilles devait être aisément remarquable.
Nous entendîmes le bruit d'une lourde serrure, trop longtemps scellée, qui s'ouvrait, et le grincement sinistre des portes de bois. Un instant plus tard, Gidéon refermait l'armoire et réapparaissait devant nous. Il tenait en ses mains une sphère recouverte d'un tissus sombre, lui-même recouvert d'une épaisse couche de poussière. Le vieil homme la fit voler en tout sens lorsqu'il souffla dessus. D'une main à la fois hésitante et ferme, et enleva le tissus.

La déferlante de puissance qui émanait de l'objet fit rater plusieurs battements à mon coeur, et je dus porter la main à ma bouche pour ne pas pousser une exclamation qui aurait alerter au moins tout le quartier. Je ne savais pas exactement ce que ce vieux bougre possédait là, mais la vague idée que j'en avais me faisait déjà autant peur qu'il faisait naitre la convoitise en moi. C'était une sphère de verre ciselé qui, en apparence, n'avait aucune valeur. Néanmoins, même So'han devait être capable de l'apparenter à quelque chose : nous avions vue une semblable seulement quelques jours auparavant. Lors de la quête, le marchand Gangmar nous avait proposé, parmi les récompenses, une boules de pierre sombre identique. C'était une pierre de Vision.
Sauf que celle-là, celle de Gidéon, paraissait, non était, infiniment plus puissante. A tel point que j'étais incapable de lui donner des capacités exactes. Impressionée, j'attendis que Gidéon daigne nous éclairer. Ce qu'il fit.

" Je ne puis qu'être désolé de devoir vous montrer cela ; mais je ne peux plus le garder. Certaines... Personnes, savent que je le possède. Et tôt ou tard, il viendront le chercher. Cette pierre se nomme la Takar’ak. Ses pouvoirs sont incommensurables, pour ceux qui savent s’en servir. Les étoiles prennent des positions étranges depuis quelques semaines, peut-être l’as-tu remarqué Akara ? Bref, de nombreux magiciens l’ont remarqué. On m’a même raconté que les Chevaliers de Fer de la famille des De Sarkanta auraient aperçu le phénomène. Jeunes filles… La Takar’ak possède le pouvoir de décrypter les signes des étoiles. Cette pierre peut révéler à son possesseur ce que signifient les alignements, elle peut même donner de véritables visions de ce que veulent nous dire les étoiles. Je souhaite te la donner So’han, car personne ne viendra la chercher chez toi ; personne ne songerait au fait que je puisse donner la pierre à une fille de rien, passe-moi l’expression. Je sais que tu es tout sauf une fille de rien, mais les apparences sont parfois utiles, alors pardonne-moi de devoir les utiliser. Si tu découvres comment te servir de la pierre, je ne t’interdis pas de regarder dedans. Reste simplement sur tes gardes. Je parle comme si tu l’avais déjà acquise, mais tu as encore… Le droit de refuser. J’attends ta réponse. »

Je tournai la tête, ébahie, vers mon amie. Le discours que venait de nous servir Gidéon était absolument… Effarant. Je n’aurais jamais pu penser être un jour dans cette position : un objet à la valeur magique incommensurable m’était présenté, mais destiné à quelqu’un d’autre, qui ne possédait aucune notion de magie. Malgré le léger pincement de jalousie, je savais que Gidéon avait raison. Moi, bien que pure bohème, j’étais tout de même réputée à Fenrig en tant que sorcière et autres adjectifs agréables ; et si ceux qui cherchaient Takar’ak ne la trouvaient pas chez Gidéon, ils finiraient par venir chez moi. Et je doutais d’être en mesure de lutter contre de tels agresseurs… Même si je ne savais rien d’eux. Un puissant pressentiment enserrait mon cœur. De plus, j’avais également déjà entendu parler des De Sarkanta, et si je me rappelais bien, le frère n’était pas réputé pour faire dans la dentelle. Bien au contraire.

Une autre chose m’échappait. Pourquoi Gidéon refusait de faire part de son artefact à d’autres magiciens qui, eux, pourraient prendre part à une véritable analyse des problèmes que posaient les mauvais alignements des étoiles, que j’avais effectivement déjà noter sans y attacher la moindre attention (je crois qu’il faut que je révise mon sens des priorités). Qui étaient les gens qui souhaitaient prendre Takar’ak des mains de Gidéon, pourquoi, et surtout pourquoi Gidéon refusait de le leur donner ? A bien y réfléchir, je pense que même Gidéon n’était pas certain de cela. Plutôt que de le demander, une autre idée germa dans mon esprit : si So’han acceptait, je ferai la petite enquête et veillerai à ce qu’elle reste en sécurité, la pierre avec elle. Si elle refusait… Il me semblait que je proposerai à Gidéon de me remettre à son service.
Dans les deux cas, un sourire naquit sur mes lèvres.
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