Lyron Ullerdran [terminé? ^^]

Violence. Rage. Agressivité. Tels sont les sentiments, au premier abord émanent de cet être. En effet, sa carrure plus qu'imposante – pas moins d'un mètre quatre-vingt-seize pour un peu plus de cent kilos de muscles – est gravée de tant de cicatrices que l'on pourrait croire qu'un tatoueur fou a troqué son aiguille contre un scalpel le temps de se défouler sur cet homme. Néanmoins, toutes ces cicatrices plus imposantes les unes que les autres semblent sans gravité comparées à l'énorme balafre qui barre sa poitrine. Les iris de Lyron, hésitant entre l'amarante et une teinte havane, viennent accentuer l'hostilité qui émane de tout son corps de part la fureur qui les habite. Afin de compléter ce chef d'oeuvre d'animosité, son pouls sera, la plupart du temps, anormalement élevé – même pour un Lycan –. Si ce n'est pas le cas, si le rythme habituellement effréné de son coeur est plutôt lent et régulier... Courrez. Ou non, priez, plutôt. En fait, ne faites rien. Vous n'aurez rien le temps de faire, vous serez déjà mort.

Avez-vous déjà rencontré un Lycan nommé Tanhor Ullerdran? Oui, ce Grand Garou qui a tant fais parler de lui, cet énorme Loup-Garou à la fourrure de nuit... Eh bien, lorsque Lyron revêt sa forme lupine, il est indéniable que ces deux êtres possèdent le même sang.
En effet, certains d'entre vous pourraient croire ce Tanhor de retour lorsque vous vous retrouverez face à un Lycan dont la taille approche les deux-mètres trente, voire légèrement plus, et dont le poil hirsute aux teintes d'ébène contraste parfaitement avec son regard lunaire... Vous imaginerez que, une fois de plus, le Grand Garou a trompé la mort lorsque vous sentirez cette odeur parfaitement et lorsque vous vous sentirez oppressé par un afflux de rage et de bestialité... Seuls deux détails pourront mettre fin à cette illusion – à condition que vous ayez le temps de le voir avant que vos tripes ne vous soient arrachées – : une large bande de fourrure blanche lui barre la poitrine à l'en droit où, sous sa forme humaine, on peut distinguer une immense cicatrice dont personne ne connait l'origine exacte et un orgueil, une fierté sans borne, est visibles dans son regard bestial.

Son caractère... Voilà une chose bien difficile à décrire. De fait, son humeur est aussi changeante que la Lune et ses cycles. Normal, pour un Lycan, me direz-vous... Eh bien non. Je ne parle pas de crises destructrices qui pourraient survenir sans prévenir... Disons plutôt que, selon la personne qu'il a en face de lui, il n'est pas le même. Par exemple, au lieu de faire preuve du respect qu'il convient de faire preuve à un roi ou une reine, il se montrera provocant, voire même irrespectueux, à son égard – à condition qu'il juge cette personne comme étant aussi puissantes que lui ou plus –. En revanche, si cette créature possède une puissance bien inférieure à la sienne, Lyron aura plutôt un tempérament protecteur. Il est même possible qu'il se montre affectueux, mais un tel cas de figure est relativement rare.
Néanmoins, si l'on devait définir l'attitude qui est généralement la sienne, on le présenterait comme franc du collier – roi, prince, guerrier ou autre, si vous lui posez problème ce fier Lycan vous le fera rapidement comprendre – et relativement peu bavard, voire même presque froid, lorsqu'il ne connaît pas son interlocuteur. En revanche, si il vous admet comme faisant partie de sa meute, ce Loup-Garou n'hésitera pas à mettre sa vie en danger pour vous.
Pour finir, il convient de parler d'un point important de sa personnalité qui lui vaudrait des réprimandes de la part des autres Lycans si ils venaient à l'apprendre : il apprécie et respecte les Vampires. En fait, il les considère même comme des demi-frères ou des cousins.

Soudain, le colosse aux cheveux d'ébène s'affaissa lourdement contre un tronc puis se fit craquer la mâchoire ainsi que sa nuque.

« Tu n'imagines pas à quel point il est difficile de reprendre forme humaine et de se réhabituer à ce corps après tant d'années passées sous la forme d'une bête. Combien? Dix ans, vingt ans, trente ans, quarante ans... Je n'en ai pas la moindre idée... En fait, je ne sais même pas si le monde a changé depuis la dernière fois où je me suis tenu sur deux pattes – ou pieds, je ne sais même plus lequel de ces deux termes est le bon –... Que suis-je? Ta mère t'a jamais appris à reconnaître un Lycan? Tu sais, ces grosses bébêtes avec pleins de poils et des grosses dents! Ah oui, je ressemble à un humain... Tant pis, je te montrerais plus tard.
Non, je n'ai pas toujours été un fils de la Lune. Autrefois, j'étais un humain, mais je n'en garde pas le moindre souvenir... Ils reviendront surement plus tard. Comment ça, comment est-ce que je sais que j'ai été un humain si je ne m'en souviens plus? J't'en pose des questions, moi? Et puis où est ta mère, d'abord? Elle doit te chercher... Laisse-moi en paix! Oh nan, ça y est, il pleure... D'accord, d'accord, je vais te raconter ce que je sais à mon sujet.
Si tu tiens réellement à ce que je te parle de moi, il faut d’abord que je te parle de ces sangsues – tu sais, ces buveurs de sang, ces Vampires comme on les appelle – car, après tout, c’est grâce à eux que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui, un Lycan. Contrairement à mes frères et sœurs de Lune, je les apprécie. Je les respecte, même. Je les considère un peu comme des cousins, des demi-frères ou quelque chose de ce goût car, après tout, nous sommes intimement et éternellement liés. Le premier de mon espèce ne s’est-il pas damné pour devenir l’égal de ces créatures ? Les rares fils de la Lune qui connaissent cette légende l’exploitent pour justifier une haine dénuée de sens envers les Non-Vivants. Quelle bande d’idiots… Ne voient-ils pas combien nous sommes semblables à ces êtres ? Nous infestons les terres de vermine à coup de crocs, comme eux. Nous sommes damnés, comme eux. Nous sommes haïs, comme eux. Nous sommes des êtres qui avons réussi à dépasser le stade fébrile de l’humanité sans pour autant perdre la vie, comme eux. Nous sommes puissants, comme eux. Qu'est-ce que c'est que ce regard moqueur?! Je pourrais t'arracher les entrailles avant même que tu n'aies le temps de cligner des yeux! Non mais j'y crois pas, voilà qu'il cligne des yeux en jappant, maintenant...
Enfin qu'importe. J'en étais où, déjà? Ah oui, mes frères et soeurs de Lune et leur haine démesurément injustifiée envers les Vampires... J’étais comme eux autrefois, du temps de mon humanité – ça doit être le seul détail de mon humanité dont je me rappelle –... Je haïssais ces suceurs de sang. Je voulais les anéantir jusqu’au dernier. C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne me suis pas donné la mort lorsqu’un Lycan m’a damné de par sa morsure. J’ai vu ça comme une opportunité de gagner en puissance, d'en tuer toujours plus… Mais, au final, j’ai vu à quel point j’étais devenu comme eux. Oh, je ne me hais pas pour ce que je suis, non… J’aime ça. Cette force, cette rapidité, ces réflexes… C’est vraiment le pied.
Je ne supporte pas mes frères de Lune, ces êtres bornés qui se contente de tuer ces créatures parce qu’il doit en être ainsi. Bande d’animaux – non non, ce n'est pas un reproche que je te fais, tu n'es pas un animal, tu es mon frère, toi –. Vous vous conduisez comme des êtres inférieurs alors que, unis aux Vampires, nous pourrions devenir supérieurs à toutes les races… Ces Anges, soi-disant purs… Je les méprise. Ces Démons, aveuglés par leur obsession de tout détruire… Ils sont ridicules. Ces Elfes, des légumes vivants… Je les ferais flamber.
Comment ça je ne vis que pour la haine, pour détruire ? Tu n’y es pas du tout. C’est simplement que je méprise ces races sombres et lumineuses. Le bien, le mal… Illusions. Allez au cœur de la lumière et vous trouverez les ténèbres les plus sombres. Rendez-vous au plus profond des ténèbres et vous trouverez la lumière la plus pure. Bande d’idiots. Ils sont tellement obsédés par ces idées de bien et de mal qu’ils en sont devenus incapables d’apprécier les choses si simples et pourtant si belles, tel la Lune ou le Soleil à leur firmament, le murmure du vent, le bruissement du vent au bord d’une falaise… Oui, je les hais. Mais ne faisons pas de généralité. Il est déjà arrivé qu’un Ange ou un Elfe se joigne provisoirement à ma meute.
Oui, j'avais une meute, autrefois... Nous étions une quinzaine, principalement des démons et des humains. J'étais le seul Loup-Garou. Personne ne s'occupait de la race de l'autre ou de savoir si il était bon ou mauvais... De plus, bien qu'il ne comprennent pas toujours mon raisonnement, je n'avais pas à leur cacher mon respect envers la race des Suceurs de sang, contrairement aux Fils de la Lune. Je n'ai jamais vraiment fréquenté un être de cette race, d'ailleurs.
Ça a duré des années, une bonne vingtaine, je crois... Nous étions tous des combattants talentueux, toujours avides de relever les défis les plus difficiles... Jusqu'à ce que nous nous attaquions à une troupe d'Orcs... Ils nous ont tués les uns après les autres... Pourquoi nous n'avons pas fuis? Notre honneur nous l'interdisait. Et, même si nous l'avions voulu, nous n'en aurions pas eu le temps... Parmi eux, il y en avait un nettement plus grand que les autres... Il parvenait à manier cinq épées à la fois... Cinq lames aussi meurtrières les unes que les autres...
Tu vois cette cicatrice? C'est un souvenir de ce virtuose. J'ai bien cru qu'il m'avait tué, et il a du le croire aussi puisque cette ordure n'a pas pris la peine de m'achever... Je me vengerais... Quoi? Qu'est-ce que c'est que ce gémissement? Ne t'inquiète pas, il ne me tuera pas. Il s'est passé quelque chose en moi mais, avant de t'en parler, laisse-moi te raconter la suite, toi qui voulais tant connaître mon histoire, ma vie.
Après cette défaite écrasante, je me suis réveillé plusieurs fois. Je trouvais la force de ramper sur quelque mètres puis perdais à nouveau conscience, du fait de la douleur et du sang que j'avais perdu. Je ne sais combien de temps ce manège a duré, mais j'ai finis par me réveiller, au millieu d'une grotte. Elle était imprégnée de l'odeur d'un Lycan. Mes instincts reprenant le dessus, je me redressais et me préparais à prendre forme bestiale afin de lutter contre un éventuel assaillant... Un assaillant qui ne vint jamais. Seule cette odeur et les bandages qui recouvraient ma poitrine me donnaient la certitude que quelqu'un m'avait amené là et y était resté un certain temps, en ma compagnie...
C'en était trop. Ma meute, décimée par des gros tas de viande verts. Mon honneur, bafoué par un Orc qui n'avait pas pris la peine de m'achever ainsi que par un Fils de la Lune qui avait jugé bon de me soigner... Sans chercher à savoir si ma poitrine était à nouveau fonctionnelle, je me transformais, déchirant ces bandages... Laissant l'animal prendre le dessus – je n'ai jamais vraiment supprimé la bête qui sommeil en moi, quand je le souhaite je peux la laisser reprendre le dessus –, j'abandonnais mon humanité loin derrière moi, ainsi que mes tourments...
J'ai vaincu ainsi des années et des années, des dizaines d'années... Je crois bien que, même si je l'avais voulu, il m'aurait impossible de reprendre forme humaine; l'être humain étant devenu une partie de l'animal et non plus l'inverse. Quand j'avais sommeil, je dormais. Quand j'avais faim, je dévorais, déchiquetais, tout être vivant qui se trouvait sur mon chemin – j'aurais même pu te prendre comme repas, à cette époque –. J'étais devenu une bête.
C'était merveilleux... Tout était différent, les sentiments, les sensations, les souvenirs... Rien n'était pareil, tout était mieux... Et ce serait encore le cas si ce mec, cet autre Lycan qui portait aussi le nom d'Ullerdran, n'était pas mort ce soir de pleine Lune... Je ne saurais décrire ce qu'il s'est passé à ce moment... Je ne l'ai jamais vu et, pourtant, je sais que je saurais reconnaître son cadavre, de même que je sais qu'il se nomme Tanhor Ullerdran alors que je n'ai jamais entendu parler de lui... Une force étrange – pour une raison inconnue, je reste persuadé que c'était la Mère elle-même – m'a guidé dans les ténèbres bestiaux de mon âme, m'obligeant à redevenir Lyron Ullerdran... Quand je suis revenu à moi, une sensation étrange parcourait tout mon corps... Quelque chose à la fois plus glaciale que les pires hiver qu'ai connu Alésia et de plus brûlant que les flammes les plus ardentes des Enfers... Je ne sais pas exactement ce que ma Soeur m'a fait, mais ses rayons argentés me pénètrent plus profondément que jamais... Et ce Tanhor n'y ait pas pour rien. Je dois comprendre ce qu'il s'est passé, qui il est...
Allez, je me suis suffisamment reposé... Viens. On croisera peut-être ta mère en chemin. »
Lyron Ullerdran s'adressant à un jeune louveteau.